Les lacs du Luchonnais (août 2000)

 



Le Départ. Nous avons fait ce circuit sur la journée, en partant de bonne heure le matin (départ du parking à 07h00), à deux Valérie et moi. La première partie du parcours se fait sous le couvert, nous étions contents d'avoir prévu les pulls ! Le chemin se découvre à proximité de la cabane de l'Artigue. La cabane n'est plus là, mais l'Artigue oui.

Artigue désigne une prairie défrichée, et nous sommes en effet en bas d'un vaste fond de vallée herbeux, légèrement montant vers le sud-est. Le chemin qui monte est évident par temps dégagé, mais je l'ai déjà vu entièrement caché par la neige.

Nous le suivons pendant quelques temps. Jolies cascades à droite.

Arrivés à la cabane de la Coume, nous laissons à droite le chemin vers la cabane de Prat-Long pour continuer notre montée vers les lacs. Au point coté 1945m, un chemin part à gauche et monte en zig-zag vers le Col de Pinata. Nous avions choisi de passer d'abord par le Lac des Grauès, donc nous avons continué en montant à droite en direction de ce lac.

Grande déception, le lac des Grauès n'est même pas la petite flaque indiquée sur la carte, tout du moins à l'époque où nous y sommes passés.

Lac des Grauès

PLutôt que de revenir sur nos pas, nous avons suivi le programme que nous nous étions tracés : monter pleine pente vers le Lac Célinda (que Ledormeur orthographie Sélinda). La pente est vraiment très raide, et nous avons dû plusieurs fois mettre les mains. C'était une erreur, nous aurions mieux fait de prendre le raidillon en direction du Col de Pinata, car de là des sentes à flanc de montagne nous auraient ramené vers le Lac Célinda. On apprend de ses erreurs, et j'en ai profité pour utiliser de façon intensive mon altimètre et ma boussole. En effet, même par beau temps, il n'est pas toujours évident de se repérer en pleine pente. On pense que l'on est tout près du but, car le relief ressemble à ce qui est indiqué sur la carte. Un coup d'oeil sur l'alti, et on s'apperçoit que l'on est 200m plus bas...

Attention aussi, la proximité de la crête fait que cette partie du circuit est très exposée au vent, particulièrement violent le jour où nous sommes montés, et ce malgré un temps radieux et un calme plat en bas ! Vigilance absolue !

Nous parvenons au Lac Célinda. Après tous ces efforts, une petite pause casse-croûte s'impose. Nous sommes à plus de 1200m au dessus de notre point de départ, il doit être à peu près 11h30 (de mémoire).

Coup de vent sur le Lac Célinda

Valérie sort ses aquarelles, je vais faire quelques pas et quelques clichés le long du lac. Quel vent !

 

Le déversoir du Lac Célinda depuis un rocher.

Nous repartons. Le chemin part à gauche du déversoir. C'est un chemin large et dallé, qui recouvre la conduite forcée (1) reliant le lac Célinda au Lac Charles. Les lacs du cirque du Lis alimentent en effet la centrale électrique du Portillon, devant laquelle nous nous sommes garés.

Valérie sur le chemin entre le Lac Célinda et le Lac Charles.

Cette partie du chemin ne présente pas de difficulté, elle est même très agréable : descente légère, abritée du vent, soleil ce jour-là. Nous longeons le Lac Charles, sans nous arrêter. Le temps passe, et nous sommes encore tout en haut, avec plusieurs heures de marche avant de retrouver la voiture.

Le coup de vertige. Nous arrivons tranquillement à un point coté 2316m sur la carte, juste sous le Pic de Grauès (2491m). Et là, surprise, je me retrouve nez à nez avec le vide : le chemin fait un angle juste en arrivant sur l'arrête du Pic, j'ai 300m de vide sous les pieds. Je suis tétanisé par le vertige. Je crois que si j'avais réalisé ce qui m'attendait, je m'y serais préparé et le vide ne m'aurait pas tant impressionné. Mais là... Valérie marchait d'un bon pas devant moi, je n'ai rien vu venir.

Le Lac Vert, vu de très haut (les sapins à droite du lac donnent une petite idée de l'échelle)

Le chemin serpente ensuite à flanc d'à-pic pendant environ 200m. Puis nous arrivons à un raidillon en zig-zag, que je n'avais pas repéré sur la carte à cause des surcharges en rouge qui en rendent la lecture malaisée. Bien qu'équipé de mains courantes, le passage est un peu acrobatique. Les habitués de la haute montagne, pratiquants réguliers, y passeront sans accroc. Nous, qui ne pratiquons qu'occasionnellement, avons dû prendre beaucoup de précautions (j'ai descendu une partie du raidillon sur les fesses, mais je suis arrivé entier en bas !). Contrairement à ce que dit G. Véron (Georges Véron, 100 randonnées choisies autour de Luchon, Rando Editions), je n'y emmènerais pas d'enfants, même en étant prudent.

Après ces aventures, nous arrivons au Lac Bleu. Attention, il y a aussi un Lac Bleu au dessus de Bagnères de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénéees.

Le lac est enchâssé au fond d'un petit cirque, et alimenté par de nombreuses cascades. Nous posons nos sacs sur un coin de rocher et cassons la croûte. C'est fou ce qu l'on peut manger quand on est en montagne !

Le parcours se poursuit par un barrage qui ferme le déversoir du lac. Le chemin passe sur le barrage, il n'y a pas de garde-fou, ni d'un côté, ni de l'autre. Le sommet du barrage fait environ 1m de large. A gauche, le lac trois mètres plus bas, à droite le vide. Trois cent mètres plus bas, le Lac Vert. Nous passons en regardant droit devant... et en serrant les fesses !

 

Ouf, nous sommes passés. Beaucoup d'émotions vertigineuses aujourd'hui !

 

Les gens en montagne. De l'autre côté du barrage, un pêcheur accompagné de son gamin nous demande le chemin pour le Lac Vert, que l'on voit en bas. Il doit penser que nous venons de là-bas, nous lui expliquons que nous avons fait le grand tour et que nous ne pouvons pas lui donner ce renseignement.

Après un petit éperon rocheux, nous rejoignons le chemin qui monte au refuge du Maupas. Nous descendons les lacets, le Maupas recevra notre visite un autre jour. Dans la descente, à l'altitude de 2000m environ, nous croisons une famille, Papa, Maman et Grande Fille. Ils sont en vacance, shorts, bobs. Papa nous demande si "C'est encore long pour le Lac Bleu ?" Il n'a pas de carte, ni aucun instrument d'orientation. La bouteile d'eau qu'il tient à la main est vide d'eau, mais pleine de mûres. Il a du se faire indiquer la ballade par l'Office de Tourime de Luchon, et décider de partir après le déjeuner. Je ne fais pas de commentaire, mais lui dit que le lac est là-haut (je montre de la main), et lui indique le temps que nous avons mis pour en descendre (trois bons quarts d'heure, si ma mémoire est bonne). Grande Fille et Maman ont l'air de se dire que "si elles avaient su, elles auraient pas venues"!

Nous les quittons en leur souhaitant bon courage. Nous avons alors une discussion avec Valérie : fallait-il sortir la carte et lui indiquer précisément par où passer ? Ou le laisser se débrouiller, sans intervenir dans sa prise de risque ? Lui conseiller de rebrousser chemin ? Quelles indications lui donner ? Ce débat nous occuppe une bonne partie de la descente.

A la cabane de Prat-Long, le chemin pique à l'est / sud-est, pour aller retrouver la cabane de la Coume, devant laquelle nous étions passés le matin-même. C'est un très joli chemin, en sous-bois mi-ombre mi-soleil. Que ce paysage est reposant, après tant de cailloux ! Nous commencions à être sérieusement fatigués, Valérie souffrait du genou. Nous retrouvons le chemin de la descente à la Cabane de la Coume, et filons en direction de l'Artigue. Nous sommes crevés et "saouls de montagne" (l'expression est de Valérie) ! A la Cabane de l'Artigue, nous retrouvons le sous-bois et la fraîcheur du soir tombant.

Il est temps d'arriver, le genou de Valérie la fait de plus en plus souffrir. Dans le sous-bois, nous croisons un couple d'une cinquantaine d'années, ils sont encore plus embêtés que nous, la femme a visiblement beaucoup de mal à marcher. Ils ont dû faire le tour de la Cascade d'Enfer sur l'après-midi, et elle a dû se tordre le pied. Comme ils ont l'air de pouvoir se débrouiller, et que Valérie souffre du genou, nous les laissons derrière nous et continuons la descente. L'heure avance, et les grands-parents qui gardent nos deux filles vont finir par s'inquiéter.

Téléphoner. Nous arrivons enfin au parking. Nous allons voir à l'auberge s'il y a un téléphone public, afin de prévenir la famille que malgré l'heure tardive (il est plus de 19heures, cela fait plus de 12 heures que nous crapahutons), nous sommes entiers. Cela peut prêter à sourire les vieux briscars de la montagne, mais nous ne sommes pas des praticants réguliers, et la famille aurait vite fait de s'inquiéter. Il n'y a pas de téléphone public à l'auberge, mais nous apprenons qu'il est quand même possible d'y prévenir d'éventuels secours depuis le poste privé.

Finalement, nous téléphonerons vers 20 heures depuis une cabine sur les Allées à Luchon.

Cette sortie reste un de nos beaux souvenirs de montagne, en particulier parce que c'était la première fois que nous sortions tous les deux "en amoureux". Malgré l'effort demandé, le tour des lacs vaut le coup d'être fait. Choisissez de préférence une belle journée pas trop chaude, car il n'y a pas un coin d'ombre passé l'Artigue. Vous pouvez éviter le lac des Grauès, et monter directement au Col de Pinata.

Attention toutefois, c'est de la haute montagne, c'est dur et c'est long ! Mais que la vue est belle de là-haut (méditation...)

Pause sur le chemin entre le Lac Célinda et le Lac Charles.

(c) photos et texte : Besnehard - Buffet


 

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(1) Bientôt sur ce site : une page sur les ouvrages hydroélectriques dans les Pyrénees.